Séminaire 5:
Shô et sheng : Répertoire contemporain II, analyse musicale et le rôle novateur des maîtres
Mardi 10 mars 2020, 14h30 – 17h30
Salle Stravinsky, IRCAM
Huang Lung-Yi (musicien de sheng)
Shô et sheng : Répertoire contemporain II, analyse musicale et le rôle novateur des maîtres
Mardi 10 mars 2020, 14h30 – 17h30
Salle Stravinsky, IRCAM
Huang Lung-Yi (musicien de sheng)
Ce projet souhaiterait faire appel à différents spécialistes pour l’étude autour de l’orgue à bouche. C’est la raison pour laquelle nous réunissons ethnomusicologues, musicologues, ingénieurs du son, acousticiens, musiciens et compositeurs pour la première fois dans l’histoire. Nous en sommes actuellement à la première étape de la recherche avant de pouvoir proposer une open source à la prochaine étape liée à l’écriture de création. À la suite des trois séminaires autour du contexte historique et de l’analyse organologie et acoustique, j’ai découvert de nombreux questionnements soulevés par mes collègues sur cet instrument quasi inconnu en Occident mais également de la plupart des peuples en Extrême-Orient où la culture fortement occidentalisée tend à leur faire oublier leurs propres richesses culturelles, même si l’orgue à bouche a été souvent instrumentalisé par des régimes politique au nom de l’identité nationale. En Chine, l’orgue à bouche a connu une période d’évolution depuis cinquante ans qui a prit plusieurs directions avec des rénovations remarquables après le Seconde Guerre Mondiale.
L’orientation de mes recherches me permettra de faire une liaison dans un proche futur avec l’analyse musicale et la création. Il est indispensable de connaître le répertoire contemporain autour de l’orgue à bouche shô et sheng. Les oeuvres contemporaines pour sheng ont quasiment toutes été créées par le Maître Wu Wei dont j’ai établi le catalogue. Il regroupe le répertoire développé avec virtuosité par ce musicien depuis la fin des années quatre-vingt-dix. De nombreuses créations, autour de 300 oeuvres, lui ont été dédiées et sont interprétées par lui. Wu Wei est la cheville ouvrière pour connaître le répertoire contemporain de cet instrument. Il est au centre de fortes expériences entre l’Occident et l’Extrême-Orient, qui encouragent la création, l’improvisation, l’interdisciplinarité et l’enseignement sans frontière.
C’est lui qui fait avancer l’histoire actuelle de l’orgue à bouche aujourd’hui. Ce catalogue nous permettra d’observer chronologiquement et géographiquement le début et le développement du répertoire contemporain à travers la musicologie et la sociologie.
LIAO Lin-Ni est compositrice et musicologue d’origine taiwanaise, elle a été l’élève de Allain Gaussin et Philippe Leroux. Elle est docteure en musicologie à la Sorbonne Université, qualifiée par le CNU à la fonction de maître de conférences en section 18 et chercheuse associée à l’Institut de Recherche en
Musicologie (CNRS UMR822), auteure de trois livres et d’une dizaine articles autour de l’analyse du langage musical, de l’identité et de l’héritage culturel de la musique contemporaine en Asie, et le féminisme dans le domaine de création en Extrême-Orient. Ses deux projets de recherche et de création récents qu’elle a initiés sont autour du erhu (2012-2017) et de l’orgue à bouche (2019-2023).
En tant que compositrice, sa musique est dans une recherche de fusion musicale et philosophique entre le temps et l’espace, entre la gestuelle physique et musicale, entre le visuel et l’auditif. Douée de synesthésie, Liao Lin-Ni perçoit les sons comme des lumières d’intensités différentes. Cette sensibilité l’amène à suggérer dans sa musique des jeux d’ombres et de lumières. Elle s’inspire par ailleurs de la poésie d’Emilie Dickinson, comme en témoignent notamment Poussière dans le vent pour flûte, violon, violoncelle et piano (2013) et One Bird, one Tree, commande de Radio France, pour erhu, accordéon et piano (2017). Sa musique est éditée par la Maison ONA, Paris.
Liao Lin-Ni est également directrice artistique TPMC (Tout Pour la Musique Contemporaine) à Paris.
Associé dans le répertoire traditionnel japonais aux autres instruments de la musique de cour gagaku, le shō connaît à partir du XXe siècle un emploi renouvelé par les compositeurs dans deux domaines : D’une part en recourant concurremment, au sein d’une même composition, à deux types d’émission sonores utilisés jusque-là distinctement : soit en faisant sonner simultanément cinq ou six tuyaux de l’instrument (répertoire purement instrumental), soit en faisant résonner des tuyaux de bambou un à un, de façon mélodique (répertoire chanté).
D’autre part en traitant les attaques, jusque-là aussi imperceptibles que possible, selon des nuances beaucoup plus variées et mordantes, et de manière générale en abandonnant l’habituelle neutralité expressive d’un instrument cantonné à des strates sonores stables dans un registre aigu.
En s’appuyant sur des textes théoriques du Xe siècle, antérieurs à l’avènement d’un gagaku lisse et ritualisé, relatifs à des modes de jeu très variés du shō, en particulier dans le domaine des attaques, Maki ISHII a cherché dans Music for shō and violoncello à redonner à cet instrument des possibilités expressives permettant un rapprochement avec le violoncelle.
Véronique Brindeau Titulaire d’un diplôme de la classe de composition électroacoustique et de recherche musicale au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris et d’une maîtrise de japonais à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), elle a été déléguée du Centre de Documentation de la Musique Contemporaine à Tokyo, rédactrice en chef de la revue Accents et coordinatrice éditoriale à l’Ensemble Intercontemporain. Lauréate en 2007 de la Villa Kujoyama à Kyōto, elle enseigne actuellement l’histoire de la musique et des arts de la scène japonais à l’INALCO. En 2018, a paru un ensemble de traductions de textes du compositeur Tôru Takemitsu (Ecrits de Takemitsu Tôru, éditions Symétrie) qu’elle a co-traduit du japonais avec le musicologue Wataru Miyakawa.
Elle a participé en janvier 2019 au colloque « Mémoire sonore du Japon » à la Bibliothèque nationale de France et effectué en mai de la même année à Tōkyō un séjour d’étude sur la pratique amateur du gagaku, dans le cadre du programme Social Science on Contemporary Japan soutenu par la Fondation du Japon.
L’apparition d’un nouvel instrument dans un champ musical défini est toujours un point nodal à partir duquel différentes dimensions de ce champ sont enrichies mais aussi questionnées. Les approches de travail, de lecture, d’écoute sont remises à chaque fois en perspective. Les mondes expressifs et sonores mettent à découvert des objectifs jusque là inusités. Les chantiers de réalisation inaugurent de nouvelles situations d’échange pour les compositeurs et pour les interprètes.
Dès 1993 avec Toshio Hosokawa l’ensemble 2e2m a été un acteur de l’émergence de la rencontre entre instruments occidentaux et sheng. Il parait interessant de témoigner de l’exemple d’une courbe l’évolution du rapport avec cet instrument au travers de trois oeuvres – Méfano 1993, Xiaoyong Chen 2006, Ondrej Adamek 2019 – à la fois dans les positions compositionnelles mais aussi dans les conditions concrètes de la réalisation des pièces.
Pierre Roullier intègre le CNSMDP où il obtient le Prix de flûte, le Prix de musique de chambre. Il est lauréat des prix internationaux de München, Rotterdam, Martigny. Flûte solo de l’Ensemble Orchestral de Paris de 1978 à 1988, membre du Quintette Nielsen, il est le soliste des principaux ensembles de musique de création parisiens (l’Itinéraire, Ars Nova, 2e2m).
Il décide de se consacrer à la direction. Invité par les maisons françaises d’opéra, il se produit au Konzerthaus Berlin, à la Kunsthalle Bremen, au Wiener Festwochen, au Théâtre San Martin de Buenos Aires, à l’Opéra Bastille, à l’Opéra Comique, au Théâtre du Châtelet, au Théâtre de Rouen, à Radio-France, au Festival Musica.
Il est le directeur artistique et musical de l’Ensemble 2e2m de 2005 à 2018. Son répertoire contient plus de 250 créations et ses enregistrements couvrent un vaste champ, de Jean-Sébastien Bach à Tôru Takemitsu et Paul Méfano, de Beethoven à Dusapin, Strasnoy et Bedrossian.
Il est nommé Chevalier des Arts et Lettres en 2018.